Si cela peut vous aider. Néanmoins, je vous conseille de le lire.

mai, deux mille onze
La chambre était un capharnaüm inimaginable, des vêtements sales jonchaient le parquet, des bols remplis de lait caillé trainaient sur le large bureau de bois massif et le lit était dévêtu de tout drap laissant apparaitre un matelas nu. L’odeur de tabac qui embaumait la pièce avait été vainement recouverte par des encans, pour tout dire, sans succès. Des posters de femmes dévêtues et de voitures, des figurines Dragon Ball et Simpson trônant sur les étagères de la bibliothèque, une télévision connectée à une XBOX, un ordinateur en veille, bref, c’était en tout et pour tout une chambre de garçon. La chambre de Tennessee quoi. Lui était d’ailleurs affalé sur la petite banquette bordant la fenêtre, il se faisait royalement chier, il n’avait ni envie de se faire une partie de Call of Duty et encore moins de tuer le temps sur Facebook (Ce site ne servait strictement à rien disait-il). Il se retourna violemment si bien qu’il finit par tomber à terre, et rampa jusqu’à sous son lit. Là, il tira une boite métal coincée entre un carton rempli de vieilleries et d’une nouvelle boule de fringues. Comme s’il se fut agi du Saint Graal, il l’ouvrit avec précaution et un sourire béat apparu sur ses lèvres. Un énorme sachet rempli d’herbe de première qualité était entassé là. Il ne demandait que cela pour vivre. Contre toute attente, un joint était déjà préconçu, ce qui eut le don de lui faire hausser les sourcils ; il ne se rappelait pas en avoir fait un sans par la suite le fumer. Il l’attrapa, se rejeta une nouvelle fois sur la banquette où il était assis initialement, ouvrit la fenêtre et sans attendre alluma son petit plaisir. Il avait commencé à fumer des pétards régulièrement à l’âge de 16 ans. Il avait pris conscience avec le temps que ça lui cramait le cerveau, mais pour tout dire, il n’en avait rien à faire. Je m’enfoutiste vous dites ? Cependant, quelque chose le sortit de sa courte rêverie. « TENNESSEE ! IL Y A QUELQU’UN POUR TOI ! … CHEYENNE. ELLE MONTE ! » Cheyenne ? LA Cheyenne ? LA Cheyenne SA voisine ? LA Cheyenne SA voisine, VRAIMENT trop… bonne. « Bordel de merde, qu’est-ce qu’elle vient faire là » songea-t-il. « NON C’EST BON JE DESCENDS!! » dit-il d’une voix précipitée. Il écrasa son joint dans un cendrier et bâtit des bras histoire de faire partir l’odeur de Marijuana. Il jeta un dernier coup d’œil au miroir. Ses yeux étaient rouges et cernés, il avait l’air d’un camé dans une série B. Il descendit à grandes enjambées les escaliers au risque de se ramasser comme un bleu et atterrit dans le hall d’entrée essoufflé. Elle était là en compagnie de sa mère qui arborait une expression heureuse sur le visage. Elle devait déjà se faire des films, des projections de mariage ou il ne savait quoi. Ses cheveux blonds encadraient son visage aux traits fins, elle portait un short en jean et un simple t-shirt bleu. Même là, elle n’en restait pas moins irrésistible. « Bonjour Tennessee ! » Elle lui fit un signe de la main accompagné d’un sourire. « Bon je vous laisse moi, j’ai un cake dans le four. » Le garçon ne se rendit pas compte de ce qu’il faisait mais son visage fut animé par un horrible sourire crispé. Qu’est-ce qu’il lui prenait ? Il était idiot ou quoi ? Se mettre dans des états pareils, qui plus était pour une fille, c’était quoi son problème ? Elle détailla la pièce du regard pour enfin le tourner vers Tennessee. « Je voulais savoir, tu fais quelque chose ce soir ? Je fais une soirée et ce serait cool si tu pouvais venir. » Dans sa tête, un petit bonhomme était en train de danser la polka. C’était comme si la NASA venait de faire décoller un fusée dans son crâne. Comme s’il venait de fumer le plus gros splif que l’homme n’ait jamais pu concevoir. Comme s’il venait de manger vingt SteakHouse de chez Burger King en même temps. Comme s’il avait joué dans le film Pulp Fiction. Comme si Mariah Carey venait de lui proposer de se marier à Las Vegas pour seulement 24 heures. Néanmoins, il essaya de paraitre le plus normal possible et lança. « Ouais, ça a l'air posé, je passerais. » Oooooh le tyype. Il faisait tellement pitié qu’il se retint pour ne pas exploser de rire. « Génial, à 21 heures. Tu peux prendre ton ami là, Trevor. » Elle lui lança un dernier sourire et sortit par la porte qu’il referma derechef derrière elle. Il courut dans sa chambre, s’écroula sur son lit, prit un coussin qu’il calla entre ses dents et hurla le plus fort qu’il le pouvait. Oui, il était clairement pas normal.

« Je te jure que si tu fais une seule remarque je te frappe, ta compris ? » Tennessee en compagnie de Trevor traversaient la rue pour se rendre à la fête de Cheyenne. C’était ça qui était pratique, il n’avait qu’à faire quelques pas pour se rendre à une soirée qui se promettait croustillante, surtout parce qu’elle était organisée par la fille sur laquelle il avait des vues. Trevor lui donna un coup de coude dans les côtes. « C’est bon fais pas ton crevard. C’est pas mon style. En plus je suis sûre que tu te la fais ce soir, sauf si tu joues à l'antisocial. » Il sautillait comme un idiot et frappait dans les mains au rythme de la musique, il avait clairement l’air gay. « Vas te faire foutre. » Ils s’approchèrent du porche d’entrée, la musique était étouffée mais néanmoins clairement perceptible. Avant d’appuyer sur la sonnette, un nœud se forma dans le ventre de Tennessee, il se demandait pourquoi il avait accepté de venir. Après tout, il connaissait à peine Cheyenne, depuis trois semaines à tout casser. DING DONG. Après de longues minutes et de nombreux essais fructueux, la porte s’ouvrit sur un gars baraqué à souhaits, les cheveux gominés et un gobelet de bière dans la main. Il avait tout l’air du mec stupide qui faisait partie de l’équipe de football du lycée et dont toutes les filles étaient raides. Pathétique, songea Tennessee. « Yo les mecs, bienvenue ! » Son ton vaseux et déraillé promettait un taux d’alcoolémie assez élevé. Il se poussa de l’encadrement de la porte pour les laisser passer. Quand Trevor arriva à sa hauteur, il lui donna deux petites claques amicales (ou non) sur la joue tout en disant. « Merci petite queue. » Comme à son habitude, il cherchait les embrouilles. Néanmoins, le bodybuildé fit abstraction de sa remarque et se dirigea vers un groupe de jeunes tout aussi éméchés que lui. Tennessee se fichait bien de l’alcool ou encore des nombreuses filles prêtes à tout pour passer la nuit avec un garçon de sa trempe ; une seule l’intéressait ; Cheyenne. Trevor était déjà partit en direction du tonneau de bière où il était en train de boire à mettre le robinet ; il était indécrottable. Tennessee resta quelques instants, planté comme un con au milieu du hall d’entrée mais il se dirigea finalement vers le garçon qui leur avait ouvert la porte. Il lui tapa sur l’épaule histoire qu’il se retourne. « Hé mec, tu saurais pas où elle est Cheyenne ? » Le jeune homme avala sa salive et montra du doigt une porte tout en disant. « Ouais, elle est dehors. » Il lui donna un nouveau coup sur l’épaule en signe de remerciement et se dirigea vers la porte que l’autre lui avait montrée.

Tennessee ne voyait rien en dehors de quelques jeunes attablés à des meubles de jardins entrain de siroter eux aussi des bières. Cheyenne ne faisait en aucun cas partie du lot. Il traversa la terrasse mais s’arrêta brusquement. Pourquoi était-il en train de faire de cette fille une obsession, c’est vrai, il n’était même pas sûr de lui plaire après tout. Il fut néanmoins sortis de sa rêverie par des cris étouffés que les jeunes, l’esprit bien trop embué par l’alcool, n’avaient pas remarqué. Il se dirigea vers les étranges bruits qui devenaient de plus en plus clairs au fil de ses pas. « Stop! Arrête! » « C’est bon, soit pas coincée, je sais que t’as envie de moi. » « Duncan, arrête! Je t’en supplie » Cette personne avait vraisemblablement des ennuis. Tennessee avança l’allure de son pas et au bout d’une courte marche, découvrit avec stupeur Cheyenne et un garçon assis tous deux sur un canapé de jardin. Il les observa quelques instants pour voir si la scène allait dégénérer, nooon, ce n’était pas un voyeur, il aimait simplement se tenir au courant de ce qui se passait dans son quartier. La haine commençait à monter en Tennessee en un temps record, il ne savait guère pourquoi puisque Cheyenne et lui n’était pas vraiment proches mais… Une chose était sûre il n’aimait pas ce qui se tramait sous son nez. S’il débarquait maintenant, elle le prendrait pour un fou et ne voudrait très certainement plus lui adresser la parole. Il attendit donc le moment propice, où l’autre imbécile ferait un faux pas. Le garçon se montrait de plus en plus insistant et essayait de toucher les seins de la jeune fille qui le repoussait sans cesse. C’était quoi ce mec ? Sans trop réfléchir, Tennessee s’approcha à grandes enjambées des deux protagonistes et lança un regard mauvais à l’autre garçon. « Tennessee ? » Il ne prêta pas attention à elle et continuait de lancer des regards assassins à l’imbécile. « Tu vois pas qu’elle veut pas connard? » L’autre se leva et sera les poings. « C’est quoi ton problème ? Et puis t’es qui ? Tu vois pas que tu nous fais chier. » Tennessee jeta un regard aux poings du garçon. « Tu veux me frapper ? » dit-il mi-moqueur mi-étonné. Duncan s’avança et s’apprêta à lui mettre un coup sous les cris étouffés de Cheyenne. Sans trop savoir ce qui faisait, Tennessee jeta aussi son poing en direction de la tête de son « adversaire », il atterrit sur son nez en un bruit d’os cassés. Yuk. L’autre garçon poussa un cri et porta sa main à son nez en sang. « Pauvre type. » Il s’éloigna en titubant et disparu au coin de la maison. « Hum… Merci. » Dit Cheyenne incrédule. « Derien. Je crois que je vais y aller. » Il avait dit cela en montrant du doigt tout et n’importe quoi, il avait l’air vraiment con. Cheyenne toussa. « Je te raccompagne si tu veux. »

« Bon bah, c’est ici que je te laisse. » Elle lui lança un regard et sourit. « Au fait, comment ça se fait que sois arrivé là pile au moment où il commençait à devenir lourdingue. » Merde. Il toussa. « Pour être honnête, je te cherchais et t’as le mec là, le baraqué qui m’a dit que t’étais dans le jardin alors j’ai été voir et… Voilà. » Ça aurait été mieux si t’avais fermé ta gueule songea-t-il. « Grand chevalier. Beau revers en tout cas. » Elle lui fit un clin d’œil. Ils restèrent quelques instants qui parurent être des heures à se dévisager puis au bout d’un moment, Tennessee songeant qu’il était le plus propice avança des lèvres doucement de Cheyenne. Mais au lieu de recevoir en retour les lèvres de celle-ci, il embrasse la paume de sa main. Il la regarda interloqué. « Prends ton temps. » Elle lui sourit une dernière fois et tourna les talons pour se rediriger dans la maison. A cet instant précis, Tennessee eut envie de se foutre des baffes.