« Dégage de devant la télé, je vois rien ! » Contrainte, Rachel ne se déplaça point. Elle n'était pas une boniche à qui l'on disait de subir et de se taire. Non, elle s'imposa. Personne n'avait le droit de lui parler de la sorte. « Tu compends pas grognasse ? Casse-toi de là ! » Sous le choc, elle ne dit rien. Quelques secondes s'écoulèrent. X, commençant à s'impatienter, se leva. « Tu comprends pas quand je te parle ? » Il bouscula la jeune femme, si fort, qu'elle se prit la table en verre dans le dos. Rachel était très sensible. Elle se releva et rejoignit sa chambre en courant. S'étant enfermée à double tour, elle sanglota en silence. Elle était consciente que X savait ce qu'elle faisait dans cette chambre, mais elle voulait garder une certaine fierté. C'est pourquoi elle fit en sorte qu'il n'entende pas combien elle était faible.

Deux heures passèrent, et Rachel était toujours en pleurs dans sa chambre. Le documentaire qui passait à la télévision, venait de se terminer. X éteignit donc tous les appareils en marche et toqua, dans l'espoir, de rejoindre la chambre, qui était également la sienne. « C'est bon, arrête de chialer, ouvre-moi. » Il soupira. Il savait combien la jeune femme était rancunière. Cependant, il était hors de question que ce soit lui qui dorme sur le canapé. C'était elle qui était fâchée, après tout, non ? « Rachel, je plaisante pas. Je suis fatigué, et si tu veux pas crever de faim, laisse-moi entrer. Je travaille demain. Je te rappelle que je suis le seul à avoir un job ici. » En effet, Morgen venait de se faire licencier. La boîte dans laquelle elle travaillait avait mit la clé sous la porte. La jeune femme avait très mal vécue cet évènement. Pourtant, X le lui rappelait souvent. « T'as vu comment tu me parles ? » La porte s'entre-ouvrit. La brunette avait les yeux rouges et sa voix tremblait. En deux ans de vie commune, ce n'était pas la première fois que X se montrait violent. De nature impulsif, il gérait mal le fait qu'on s'oppose à lui. « Tu sais très bien que ça m'énerve quand tu fais ton emmerdeuse, mais tu le fais quand même. Faut pas t'étonner que je te parle comme ça, aussi. » Rachel fondit en larmes et se blottit contre son emporté de petit-ami. Elle était tellement amoureuse de lui qu'elle arrivait à se culpabiliser lorsque c'était lui qui était en tort. « Je suis désolée. » Il prit sa tête entre ses mains et déposa un baiser sur ses lèvres.

Le lendemain, Rachel préparait le petit-déjeuner au lit pour son bien-aimé. Elle avait l'impression qu'elle avait merdé la veille. Il était donc important qu'elle se fasse pardonner. De la cuisine, elle entendit le réveil de X sonner. Elle s'empressa donc de rejoindre leur chambre, un plateau en main. Concentrée sur ce qu'elle tenait, la jeune femme ne vit pas les chaussons qui trainaient par terre. Elle trébucha donc et renversa le café sur les draps. « Putain ! Mais t'es conne ou quoi ? Regarde où tu marches, merde ! » Comme à son habitude, Morgen fondit en larmes. « Excuse-moi.. » Et comme à son habitude, elle s'excusa. C'était ainsi au quotidien. X la brisait, mais c'était elle la fautive.

Aujourd'hui, Rachel et X sont toujours en couple. Leur quotidien n'a pas changé d'un pouce, si ce n'est que la jeune femme a trouvé un boulot, en tant que serveuse, et qu'elle retrace sa jeunesse à travers une autobiographie qu'elle compte faire publier un jour. Leur relation est toujours au même stade. Chaque jour, elle démolit Rachel de plus en plus. Elle ne vit plus que dans l'ombre de son cher petit-ami. Elle lui obéit, le craint, mais l'aime énormément. Il lui est inimaginable de mettre un terme à cet « amour ». Depuis le décès de sa génitrice, elle appréhende énormément les séparations. Quant à X, il l'aime aussi. Il sait combien elle est fragile, et aussi égoïste que cela puisse paraître, cela l'arrange. Il envisage même de la demander en mariage. Ce qui est évidemment, enchante la jeune femme et désillusionne les amis de cette dernière. Du moins ceux qui sont au courant de son mode de vie. Et ceux-ci sont rares. En effet, Rachel fait de son mieux pour donner une image parfaite de son couple. Et de sa vie en général.