tell me the story about your first love
Un groupe de garçons était attablé dans un pub du nord de l’Angleterre. Ils avaient tous environ 16 ans, voire 17 pour certains mais pas plus. La discussion allait de bon train autour de bières. Oui, ils buvaient tous, s’ils avaient cette chance c’est parce que David était fils du propriétaire du pub, ainsi pas besoin de carte d’identité, ça passait comme une lettre à la poste. Il y avait pourtant une chaise vide. Ils attendaient quelqu’un évidemment. Et cette personne ne tarda pas à arriver, passant la porte, retirant son trench trempé par la pluie, et s’installant sur la chaise à toute vitesse :
« Pardon les gars pour le retard, j’avais à faire… » Mais Eddie, de son vrai nom Harley Edward Coleman, prit rapidement la parole, le regardant d’un air détaché :
« T’as un air bête collé sur le visage. » Bobby resta interdit, et commença à se demander ce qu’il entendait par là :
« Pourquoi tu dis ça ? » Edward continua bien rapidement, l’inondant de questions :
« Elle est belle ? Elle n’aurait pas de jolies boucles blondes par hasard ? S’agirait-il de…Kathryn ? » Les autres éclatèrent de rire, tandis que le dénommé Bobby se tassa sur sa chaise rouge de honte. Fier, le jeune Coleman continua :
« J’avais raison les gars. Monsieur considère que sa copine est plus importante que nous. Tu crois pas qu’il serait mieux de nous prévenir ? T’as le temps pour te marier, l’amour c’est une faiblesse chez tout le monde, commence pas à changer de camp. » Pour ces jeunes anglais, l’amour rimait avec jamais. Ils passaient leur temps à jouer au football et à faire des conneries, pas le temps pour ces choses ridicules. Coucher avec une fille, oui. Sortir avec, non. Ils voulaient vivre sans se mettre des bâtons dans les roues.
« Oui mais ce n’est pas sérieux… » tenta de se défendre Bobby. Voilà, c’était toujours comme ça. Si l’un d’eux avait le malheur de fréquenter une fille, il y en avait toujours un pour lui rappeler que ce n’était pas admis dans leur groupe. Stupide, on en convient, car l’amour n’est pas une chose qu’on contrôle.
Mark, un des gars, qui fumait tranquillement une cigarette, sembla rappeler quelque chose :
« Au fait Eddie, t’avais pas quelque chose à nous dire ? » Oui c’était vrai, et c’était assez pénible. Alors, il finit sa bière et avoua :
« Mes parents veulent qu’on déménage. Mon père s’est fait muter…aux Etats-Unis. » Les autres restèrent interloqués, tous sans exception.
« Et toi tu restes ici, je t’héberge s’il faut. » s’exclama David. Eddie, lui, secoua la tête, et se pinça les lèvres.
« Non, mon père a été catégorique les gars. Il veut que je les suive, car je suis pas majeur. » Les autres pestèrent. Ils voulaient trouver un moyen de le retenir, malheureusement, il n’y en avait aucun. Il partit pour les Etats-Unis la semaine suivante. Une chose était certaine Eddie avait de la rancœur envers ses parents, il devait abandonner sa ville natale, le football, ses amis, en clair ils voulaient l’empêcher de vivre.
***
Quand on quitte un endroit qui nous plait, ce n’est pas toujours facile de s’en remettre. Il avait évidemment gardé contact avec sa bande d’amis, et il promettait de les revoir à chaque vacance mais ce n’était pas toujours aussi simple. Il était parti en plein mois d’aout, et la rentrée scolaire ne tarda pas à se montrer. Premier jour dans un lycée qui n’était pas le sien, où il ne verrait aucune tête connue, où il s’emmerderait comme un rat mort. Pire…il n’y avait plus d’entrainement de football qu’ici ils appelaient le soccer. Il était tenté de sécher, mais il était sûr d’en prendre pour son grade si son père venait à le découvrir. Chaque chose en son temps. Son père le lâcha devant le lycée, lui assurant que tout se passerait bien. Il ne lui décocha pas un mot et s’en alla en direction de la foule qui se retrouvait. Cherchant son casier, c’est lorsqu’il le trouva qu’il remarqua que quelqu’un l’avait suivi et le regardait avec un grand sourire. Un type bien coiffé, qui avait l’air de se la péter.
« C’est toi le nouveau ? » Eddie lui accorda un regard dédaigneux.
« Qu’est-ce que ça peut te faire ? » L’autre se laissa aller à un petit gloussement :
« Eh bien je me disais que tu aurais peut-être besoin d’aide ? » D’aide ? Par un geek qui venait l’emmerder ? Surement pas. Alors il fit mine de réfléchir fermant son casier, et il s’approcha de lui, lui montrant une porte :
« Tu vois la porte là ? Vas voir si j’y suis. » En clair il ne voulait pas qu’on l’importune. Mais on vient vite de nouveau l’ennuyer, quoique le mot ne semblait pas approprié.
« C’est toi Edward Coleman ? » Edward. Ca sonnait tellement classe.
« Oui, c’est moi Eddie Coleman. » Il se retourna, et il tomba sur une jeune fille, ravissante pour être honnête. Il ne savait pas comment elle connaissait son nom, mais peu lui importait, il lui fit un grand sourire :
« Et tu es ? » La jeune femme n’avait pourtant pas l’air des plus enjouées, elle avait l’air contrariée.
« Marley. On m’a chargé de te montrer les lieux. » Oh mais son père avait-il alerté tout le lycée ? Ou alors c’était dans leurs coutumes d’intégrer les nouveaux ? Bonne question. En tout cas elle était bien belle pour une fille qui lui montrait les lieux, et il allait tout faire pour mettre en application ce qu’il avait appris en Angleterre avec ses amis : amour non. Sexe oui. Mais s’il savait à quel point ce n’était pas gagné, il aurait probablement changé de discours.